[Divers auteurs, canton de Fribourg]

Danse: affaire de Bulle

août-septembre 1889
1889
Consultation: sur place

Type

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Disponibilité

Langue(s)

Description matérielle

  • Le dossier d’archive est réuni dans une enveloppe, il contient vingt-deux documents de dimensions variables comportant pour la plupart l’entête de l’une des préfectures du canton de Fribourg (majoritairement de la préfecture de la Gruyère) et adressés le plus souvent au directeur de la police.

Dimensions

  • 26 cm x 40 cm (oblong)

Catalogue

  • AEF

Ressources électroniques

  • Non renseigné

Mots-clés

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Résumé critique du corps du texte

L’archive semble être un peu excessivement classée sous le titre d' »Affaire de Bulle » dans la mesure où ses pièces ne traitent pas d’une affaire spécifique et ne sont pas exclusivement en provenance ou à destination des autorités de Bulle. Elle réunit des pièces qui traitent toutes de danse :
– 16 août 1889, Préfecture de la Glâne à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. Le préfet souhaite rejeter la demande des aubergistes de se voir offrir la gratuité du permis de danse pour la fête de la Bénichon après qu’ils l’ont obtenue pour le Carnaval. Il demande l’avis du destinataire de son courrier.
– 25 août 1889. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. Demande de traitement équitable en ce qui concerne l’octroi de l’autorisation de danser — à laquelle le rédacteur de la lettre est favorable.
– 27 août 1989. Préfecture de la Glâne à la direction de la police cantonale fribourgeoise. Coup de sang du Préfet qui s’offusque: »On a dansé à l’Hôtel de Ville de Romont le samedi 17 août, de 3 à 11 heures. Je ne vois pas en quoi cette danse accordée dans les limites de ma compétence pourrait alarmer qui que ce fût. »
– 28 août 1889. Préfecture de la Singine à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. Le préfet clame: « il va sans dire que ces Bénichon [pour lesquelles il défend certaines dates] se passent sans danse. Sans craindre de se contredire, il ajoute: « La simpathie pour la danse fut jamais grand chez l’allemand de la Singine et je suis convaincu qu’elle disparaîtra facilement [sic, pour l’ensemble de la citation] ».
– 30 août 1889. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. Demande du préfet qu’un aubergiste de sa préfecture bénéficie de l’égalité de traitement par rapport à des aubergistes de la capitale du canton.
– 31 août 1889. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. Le rédacteur du courrier déplorerait que la danse soit interdite dans « une belle salle », alors qu’à Fribourg « on enfreindrait ce qui a été décidé […] surtout qu’on parle encore de la danse à Romont les jours de l’ancienne bénichon. »
– 1er septembre 1889. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. Demande du préfet de motiver le refus de la danse à Romont.
– 13 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. La lettre, difficilement lisible, commence par ces termes: « En arrivant à Bulle j’ai appris que l’on s’y prépare à renouveler le scandale d’Estavayer le second dimanche d’octobre ». Selon l’auteur, il semble qu’une danse soit en train de s’organiser, puisqu’une personne « qui chauffe l’affaire » aurait offert son pré, pour y danser, en dépit des interdictions.
– 14 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise (l’auteur est le même que celui de la lettre du 13 septembre). La lettre a un autre ton que la précédente, car l' »affaire » semble s’essouffler. Il paraît que l’interdiction de danser sera respectée.
– 15 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise (l’auteur est le même que celui de la lettre du 13 septembre). Dans cette lettre, l’auteur semble ne pas apprécier la manière dont on le retient de faire certaines choses, mais il reste très elliptique dans ses propos. Il écrit: « le président [sans préciser quel président] prétend que je n’ai pas le droit d’aller plus loin, il voudrait même que je fasse faire les sommations […] ». Il semble par ailleurs tout à fait accepter de se décharger sur la direction de la police de Fribourg quand il écrit: « les cas seront comme vous le désirez communiqués au Conseil d’État qui décidera ce qu’il y a à faire. »
– 19 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise (l’auteur est le même que celui de la lettre du 13 septembre). La lettre traduit une certaine inquiétude quant à la tournure que pourrait prendre l’affaire. L’auteur écrit en effet: « Merci de votre conseil quand [sic] à la bénichon, tout le monde désire le calme et pas de violence. » On constate qu’il admet devoir faire des concessions avec l’exercice de la loi contre la danse, lorsqu’il écrit: « quelques jeunes gens veulent louer dit-on la cour de la maison Moura pour s’y amuser et danser. S’ils sont calmes je les laisserai faire et considérerai la chose comme danse privée dans une cour fermée ». Par ailleurs, il semble aussi qu’il veuille faire bonne figure face au Directeur de la Police, lorsqu’il précise: « À Bulle, aucun aubergiste ne pense faire danser […]. Les aubergistes n’osent pas résister, car ils savent que je les retrouverais [sic] ».
– 21 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. La lettre prend d’abord la forme d’une délation: « Monsieur le Directeur, J’ai eu ce matin la visite de Mr. Eugnène Waëcher qui m’a annoncé qu’une réunion d’une 50ne de jeunes gens a eu lieu jeudi soir à l’auberge de la Croix-Blanche pour s’occuper de la danse du 13 octobrre et l’assemblée s’est réajournée. » Puis elle documente qu’une démarche telle que celle dudit Waëcher s’inscrit clairement dans  un ensemble d’actes visant à réduire l’usage de la danse. Cet homme aurait en effet manifesté son intention « de demander que l’on en revint purement à la loi sur la danse ». Le rédacteur poursuit: « je l’en ai dissuadé lui disant que s’il voulait avoir quelques chances de succès il devait se borner à demander que la danse fût tolérée le dimanche seul de la bénichon. Il m’a dit qu’il y ajouterait celui du carnaval […]. »
– 21 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. La lettre présente l’appel à signature d’une pétition favorable au du maintien de l’ancienne loi sur la danse.
– 21 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. La lettre présente la demande de l’abrogation de l’art. 31 de la loi sur les auberges, concernant la danse le dimanche.
– 23 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. L’auteur de la lettre est préoccupé de plusieurs manières: que les demandes d’interdiction de la danse aillent trop loin, que les conséquences des infractions soient trop faibles, que les suite de la pratique de la danse soient importantes. Il évoque en effet d’abord un « déplorable effet »  puis un « puissant encouragement au mal »; on suppose que ce serait la danse qui serait à leur origine.
– 24 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. L’auteur rappelle la teneur de l’art. 31 de la loi sur les auberges, concernant la danse le dimanche: « La danse ne peut avoir lieu dans les établissements qu’aux conditions posées par la loi spéciale ». L’alinéa suivant dit: « elle est absolument interdite les dimanches et jours de fête ». Il pose ensuite la question: « est-ce seulement la danse dans les établissements publics qui est interdite les jours fériés ou bien aussi la danse privée? »
– 28 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise (l’auteur est le même que celui de la lettre du 13 septembre). L’auteur définit la danse publique et la danse privée (sans répondre à toutes les questions posées dans la précédente lettre(; pragmatique, il conclut: « [les Bullois] ne veulent pas de désordre. »
– 28 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise (l’auteur est le même que celui de la lettre du 13 septembre). La position de l’auteur semble toujours du côté de l’exécution de la loi interdisant la danse : »Quand [sic] à moi, je me contenterai si cela devient nécessaire d’intimer l’ordre de cesser de danser, de prendre les noms des délinquants connus et de les déférer au tribunal ».
– 29 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise. L’auteur de la lettre explique que suite à la visite de délégués de la jeunesse de Bulle, c’est la solution d’un pont de danse et d’une danse à laquelle ne participeront que les membres d’une société qui sera retenue.
– 28 septembre. Préfecture de la Gruyère à la Direction de la police cantonale fribourgeoise (l’auteur est le même que celui de la lettre du 13 septembre). La lettre précise que la danse [de la société de jeunesse] ne pourra se faire qu’ « entre eux et pour eux ». Nuancé voire ambivalent, il ajoute qu’il faudrait « que le pont soit dans un endroit clos que le public ne puisse pas approcher. Ce qu’il y a à craindre, c’est que si l’on admet cela à Bulle, il faudra l’admettre autre part […]. Je préférerais voir danser gaiement les jeunes gens que de les voir se saouler de colère […]. » Il conclut « la loi n’est pas sage » avant d’annoncer sa visite au directeur de la Police, pour le lendemain.

Le dossier semble d’un grand intérêt pour documenter la transition entre une tradition de danse populaire et sociale à une tradition de danse détenue par de petits groupes autorisés. Comme il apparait ici, ces groupes étaient pour commencer uniquement autorisés à se réunir, puis qui ont pu se produire devant un public. Il est à noter que ce public, de moins en moins entraîné à la danse, était cantonné dans le rôle de spectateur voire de consommateur.

Critère de choix du livre pour le cataloque

Intérêt du dossier pour l’histoire de la danse en Suisse.

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